Jacques Charlier, l'artiste qui coud des peintures
Pour l’ouverture officielle du bal des plus panachés des panaches sélectionnés par La Pièce, découvrons l’artiste Jacques Charlier. Né à Liège en 1939, belge, Jacques Charlier est un pionnier de l’art conceptuel. C’est un personnage assez complexe appartenant au courant dit « avant-gardiste ». Surnommé aussi « pirate de l’art », il déteste l’art. Et par-dessus tout, le monde de l’art. Il dénonce le capitalisme ; il critique les galeries ; les artistes américains, et tous ceux qui sont entrés dans une logique marchande... La Pièce Paris ne va pas aussi loin dans sa démarche critique, mais je trouve qu'on a beaucoup de points communs avec le pop art.
Je découvre Jacques Charlier alors que je quittais l’atelier, très en retard, pour un rendez-vous chez le pédiatre. En me battant avec une poubelle laissé au milieu du tout petit trottoir qui empêchait la poussette « Tank » de circuler, je me retrouve nez à nez devant un tutoriel « comment réparer sa toile soi-même » ? Dans une vidéo de la galerie Lara Vincy une femme est en train de recoudre un tableau de plusieurs milliers d’euros de Louis Fontana avec sa machine Singer, en points zigzag. Le pédiatre attendra.
J’entre dans la galerie. Et je découvre en effet, d’un côté les tableaux de Lucio Fontana et juste à côté sa reproduction recousue. La série s’appelle « peintures réparées ». Je sors mon portable, je prends une photo et je file.
Sur le chemin, j’appelle notre ami et mentor Nicolas Smirnoff. Il m’explique que dans l’histoire de l’art contemporain, Lucio Fontana est LA référence interplanétaire d’art moderne. Ce mec a quand même peint des centaines de toiles d’une seule couleur, il a pris un cutter et hop, d’un coup brusque, d’un seul, en plein milieu de la toile, déchire la toile.
Alors, quand Jacques Charlier décide de recoudre le tableau, j’ai compris le culot de l’artiste et son humour (belge). J’apprends ici que Jacques Charlier joue avec d’autres références populaires de l’histoire de l’art, et propose une lecture décalée d’un grand tableau de l’histoire de l’art. Son panache critique et désinvolte lui a quand même valu d’être censuré à la biennale de Venise de 2009.
Finalement, quand on repense à l’artiste et son lien avec La Pièce, c’est peut être le point zigzag pour réparer une œuvre d’art, mais c’est surtout l’usage de la couture comme moyen de penser, de se rebeller et d’inventer. Coudre ses vêtements soi-même c’est se distinguer de la masse, se libérer du marché de la mode et de la grande consommation, et porter avec fierté le résultat de son travail. N'attendez plus pour vous lancer#lapieceparis.