La traversée des Alpes en Gravel

La traversée des Alpes en Gravel

La Route des Grandes Alpes permet à tous les amoureux du vélo de traverser les Alpes françaises, du Lac Léman jusqu’à la Méditerranée. A l’instar du mythique GR5 destiné aux randonneurs, ce circuit est parfaitement balisé et offrira de sublimes paysages montagneux ainsi qu’un bon bol d’oxygène à qui osera se confronter à ce parcours plutôt exigeant, mais tellement gratifiant. Si beaucoup choisissent de le faire en VTT ou en VTC , nous vous proposons une alternative tout aussi intéressante et plutôt originale : le Gravel. Ce vélo possède de nombreux atouts qui valent assurément le détour. Notre équipe s’est lancée dans cette aventure hors du commun et il faut dire que les avis positifs et les anecdotes ne manquent pas. Nous vous expliquerons tout dans cet article, notamment les raisons qui nous ont poussés à choisir le Gravel pour notre traversée des Alpes. Nous nous pencherons également sur le parcours de cette voie mythique ainsi que sur les variantes qui existent pour ceux qui ont un peu plus de temps, ou au contraire, pour ceux qui en manquent cruellement !

 

Pourquoi choisir le Gravel ?

Avant de nous focaliser sur la Route en elle-même, une question mérite d’être posée : pourquoi avons-nous choisi le Gravel ? La Route des Grandes Alpes est habituellement fréquentée par des vélos de route, des VTT ou encore des vélos électriques. Mais depuis les années 2000, le Gravel a réussi à se frayer un chemin dans le monde du vélo, et plus particulièrement dans celui du cyclotourisme. Comme nous aimons essayer de nouvelles choses, il nous a paru intéressant de tester ce vélo et d’en découvrir ses aptitudes lors de longues expéditions en montagne. Et l’on peut affirmer qu’il est assurément un excellent compagnon pour des voyages longue distance. Qu’est-ce qui, au juste, en fait un bon vélo d’aventure ?

Tout d’abord, il se distingue par sa robustesse. Eh oui, nous ne vous aurions certainement pas conseillé de vous lancer à l’assaut des plus grands cols de France si ce vélo ne tenait pas la route ! Contrairement au vélo de route classique, le Gravel peut s’utiliser sur tous types de terrains : bitume, gravier, chemins de terre. Notez d’ailleurs que son nom complet, Gravel Bike, signifie littéralement vélo pour gravier en anglais. Pour des surfaces de route aussi variées que celles de la Route des Grandes Alpes et ses variantes, le Gravel est donc idéal.

S’il est particulièrement robuste, ce vélo est plutôt léger, contrairement à d’autres modèles plus lourds. Il en devient donc plus vif et plus réactif. On appréciera cette caractéristique dans les montées raides par exemple. Et elles sont nombreuses en montagne.

Ses pneus larges lui garantissent une excellente adhérence et une bonne tenue de route, qualités indispensables pour une longue expédition en terrain montagneux. Les pneus se changent facilement et peuvent être remplacés par des modèles plus grands suivant les besoins.

Enfin, on remarquera que les géométrie du Gravel est assez différente des autres modèles. Le guidon est plus haut et courbé, le pédalier est assez bas et il est muni d’un frein à disque. La position du cycliste est ainsi quelque peu différente et s’apparentera plus à la position que l’on peut adopter sur un vélo de ville. Le dos du cycliste est légèrement plus droit et moins parallèle au cadre. Cette position s’avère plus confortable sur le long terme. Attention cependant, il existe plusieurs formes et matériaux de cadres Pour un voyage itinérant tel que la Route des Grandes Alpes, nous avons optés pour des cadres en acier. Ceux-ci sont très solides et assurent un bon confort au cycliste.

On voit donc que les atouts du Gravel ne manquent pas. Sa polyvalence, sa vivacité et sa robustesse en font un excellent vélo de voyage en terrain montagneux. Le point négatif de ce vélo est son prix, légèrement supérieur aux autres types de vélos. Mais pour une expédition comme la Grande Routes des Alpes, mieux vaut un équipement de qualité, solide, et cela a évidemment un coût.

 

La Route des Grandes Alpes : l’itinéraire

Après avoir expliqué les raisons qui nous ont poussés à opter pour le Gravel, il est temps d’entrer dans le vif du sujet : le parcours de la Route des Grandes Alpes. Ce nom à lui seul fait déjà rêver plus d’un cycliste et promet de grands moments de liberté et d’évasion. Et vous auriez bien raison de penser cela. Cette route, longue de 720 kilomètres, traverse des paysages sauvages dominés par des sommets enneigés majestueux et imposants, des jolies vallées verdoyantes où se prélassent vaches et patous et des petits villages au charme typiquement montagnard.

Mais pas que. A mesure que l’on pédale vers le sud, les hautes montagnes laissent place à  des paysages plus vallonnés, à des maisons aux couleurs provençales et à une flore bien plus luxuriante.

La Route des Grandes Alpes part de Thonon-les-Bains et termine à Nice, face à la Mer Méditerranée. Le tracé est plutôt difficile et s’adresse à des cyclistes Gravel entraînés et en bonne forme physique. Tous les membres de notre équipe étaient sportifs et avaient l’habitude de sortir en montagne. Par contre, il n’est pas nécessaire d’être un spécialiste de la discipline pour se lancer dans l’aventure. Mais prenez soin de bien vous entraîner les semaines avant votre départ. Avec 18 000 mètres de dénivelé, on est loin de la petite sortie du dimanche.

90% du parcours se fait sur route, le reste alternant entre chemins de terre et en gravier. Cette route franchit des cols mythiques comme celui de l’Iseran (2764m), du Galibier (2642m) ou encore la Cime de la Bonette (2802m). Il va de soi que la Route des Grandes Alpes s’effectue l’été, entre les mois de juin et septembre, pour éviter que la neige n’entrave le parcours.

L’itinéraire est divisé en 15 étapes « officielles » classées difficiles à très difficiles. En fonction du temps que l’on dispose et de ses capacités physiques, il est tout à fait possible de rallonger ou de raccourcir les étapes proposées. La plupart des cyclistes font ce parcours en 7 jours, mais n’hésitez pas à prendre votre temps, à vous arrêter dans la fromagerie du coin, à admirer les belles vues qui s’offrent à vous.

Voici les étapes conseillées :

  • Thonon-les-Bains – Morzine-Avoriaz : 49,96 km
  • Morzine-Avoriaz – Cluses : 47,60 km
  • Cluses – Le Grand-Bornand : 30,30 km
  • Le Grand-Bornand – Beaufort-sur-Doron : 56,99 km
  • Beaufort-sur-Doron – Bourg-Saint-Maurice : 39,71 km
  • Bourg-Saint-Maurice – Val d’Isère : 34,41 km
  • Val d’Isère – Val-Cenis : 48,37 km
  • Val-Cenis – Valloire : 57,32 km
  • Valloire – Briançon : 54,04 km
  • Briançon – Guillestre : 49,57 km
  • Guillestre – Barcelonnette : 50,18 km
  • Barcelonnette – Valberg : 76,19 km
  • Valberg – Saint-Martin Vésubie : 59,20 km
  • Saint-Martin Vésubie – Sospel : 51,22 km
  • Sospel – Nice : 52,28 km

Cet itinéraire est globalement très bien indiqué et balisé. Vous trouverez des panneaux indicateurs tout au long du parcours. Muni d’une carte ou d’un livre sur le sujet, impossible donc de se perdre ! Il est tout aussi facile de se loger et de trouver de quoi manger. Nombreux sont les gîtes, les hôtels, ou les appartements qui accueillent les cyclistes et leurs montures le temps d’une nuit. Pensez tout de même à réserver longtemps à l’avance car vous ne serez certainement pas seul sur les routes cet été. Pour les plus aventureux, l’option camping est envisageable. Attention toutefois à bien se renseigner sur la possibilité de planter sa tente dans certains endroits protégés.

La Route des Grandes Alpes et ses 17 cols de montagnes est un classique des expéditions vélo et réserve sans aucun doute des moments et des rencontres inoubliables à tout cycliste Gravel qui se respecte.

 

Les variantes de ce voyage en gravel dans les Alpes 

L’itinéraire proposé est loin d’être figé. Si vous avez le temps ou que vous souhaitez à tout prix découvrir certains endroits, rien n’empêche un petit détour ou une variante. Le site officiel de la Route des Grandes Alpes en propose d’ailleurs plusieurs.

Nous n’allons pas toutes les citer, mais la variante par l’Alpe-d ’Huez est la plus populaire. Non seulement elle permet d’éviter la route nationale entre Bourg d’Oisans et le Lac de Chambon, mais en plus, elle vous emmène à la conquête des 21 lacets de la montée de l’Alpe d’Huez. Il ne manquerait plus que quelques spectateurs le long de la route pour se sentir l’âme d’un coureur du Tour de France ! Les bagages en plus et la compétition en moins.

Une autre variante bien appréciée des cyclistes est celle entre Val-Cenis et Oulx. Attention, elle est classée très difficile et est plutôt longue avec ses 72 km, mais elle offre des paysages somptueux et une excursion bien sympathique en Italie. Si l’envie d’un bon plat de pasta vous prend, n’hésitez pas à y faire un tour.

Plus au sud, la variante en Guillestre et Barcelonnette par le Lac de Serre-Ponçon vous permettra de profiter de quelques heures ou quelques jours de farniente entre baignades dans le lac ou sorties en kayak.

Enfin, si les 6 cols à plus de 2000 mètres vous font peur ou si vous n’êtes pas assez entraînés, une variante totale de la Route des Grandes Alpes est à envisager. Les P’tites Routes du Soleil, un nom charmant aux accents chantants, joignent elles aussi Thonon-les-Bains à Nice, mais elles contournent les Alpes par l’Ouest en traversant des massifs préalpins tels que la Chartreuse, le Vercors ou les jolies Baronnies. Les cols ne dépassent pas 1400 mètres d’altitude, mais attention, tout cumulé, l’itinéraire compte tout de même 17 000 mètres de dénivelé ! Ne partez donc pas à la légère. Ce parcours reste cependant bien plus abordable que l’autre, pour une expédition en Gravel en famille par exemple.

 

Les Voies Vertes pour les plus pressés

Pour ceux qui n’ont ni la forme physique ni le temps de se lancer dans une expédition de cette envergure, il existe d’innombrables possibilités pour profiter de son Gravel en terrain montagneux. Certaines voies sont même destinées uniquement aux cyclistes et aux piétons. Parfait si l’on est réticent à partager son chemin avec des voitures.

Les Alpes françaises comptent un grand nombre de Voies Vertes et elles ne cessent de se développer. Le département de Haute-Savoie prévoie d’ailleurs jusqu’à 350 kilomètres d’itinéraires cyclables à terme. A l’échelle des Alpes entières, ce seront des milliers de kilomètres de pistes réservées aux cyclistes. La Grande Route des Alpes comptent plusieurs voies vertes dans ses environs.

  • La Voie Verte entre Bourg-Saint-Maurice et Aime :

Cette Voie Verte est commune à une des variante de la Route des Grandes Alpes entre Bourg-Saint-Maurice et Saint-François-Longchamps. Elle permet de traverser la Haute Tarantaise sur une voie agréable, sans difficulté majeure et bien ombragée. La piste longe l’Isère qui sert de terrain de jeu à de nombreux kayakistes.

  • La Voie Verte de l’Oisans

Cette voie, très appréciée des locaux comme des touristes, s’étend d’Allemond à Venosc. Elle traverse également le joli village de Bourg-d’Oisans. Longue de 25 kilomètres, elle permet de découvrir à son rythme le fond de la Vallée de la Romanche ou de s’échauffer les mollets pour une éventuelle montée des lacets de l’Alpe d’Huez. La piste est surplombée des magnifiques sommets environnants. Attention cependant car vous serez loin d’être seul ! Cette Voie Verte est ouverte à tous les véhicules ou moyens de transport non-motorisés thermiques et ils sont nombreux : vélos, rollers, poussettes, chevaux, etc. Ne lancez donc pas votre Gravel à pleine vitesse, mais ralentissez la cadence et profitez des paysages qui vous entourent.

  • La Via Vercors

La Via Vercors est une belle alternative aux P’tites Routes du Soleil que nous vous avons décrites plus haut. D’une longueur de 50 kilomètres, elle joint Engin à Corrençon-en-Vercors. C’est peut-être la voie la plus adaptée au Gravel car la majorité du parcours est recouverte de gravier. Elle traverse les villes et villages principaux du nord du Vercors : Lans-en-Vercors, Méaudre et Villard-de-Lans où il fait bon s’arrêter quelques heures. L’itinéraire est peu pentu et vraiment bien sécurisé. Cette voie représente donc une belle entrée en matière au vélo de montagne, avant de s’attaquer à la plus audacieuse Route des Grandes Alpes.

 

Conclusion

La traversée des Alpes en Gravel est certainement une expérience hors du commun à vivre au moins une fois dans sa vie. Elle est difficile, exigeante, mais elle amène le cycliste à travers des paysages à couper le souffle et promet de belles rencontres pour peu que l’on prenne son temps. Le Gravel, grâce à sa robustesse et sa légèreté, s’avère être un allié formidable qui saura vous emmener partout, jusque dans les petits chemins de terre qui parsèmeront vos détours. Ces détours et autres alternatives sont infinis, et c’est après tout pour cela que nous aimons tant le voyage à vélo : il offre une liberté sans pareil. Pour les plus pressés et les moins en forme, les Voies Vertes sont des alternatives de choix qui pourquoi pas, vous donneront l’envie de tenter prochainement la grande aventure de la Route des Grandes Alpes. Nous sommes revenus enchantés de notre aventure et nous ne pouvons que la conseiller à des cyclistes souhaitant se lancer un beau défi sportif.